Coopérative

Forme particulière d’entreprise dans laquelle la relation entre l’objet social (ce que produit l’entreprise) et le capital est inversée. Alors que dans la société de capitaux, c’est le capital qui réunit les fondateurs et l’objet social est au service du capital, dans la coopérative, ce qui réunit les associés est l’objet social et le capital est au service de l’objet social.

Cette inversion des valeurs a des implications très concrètes dans la coopérative. Puisque le capital est second, sa rémunération est limitée par des règles législatives ou statutaires précises, et les excédents d’exploitation – terme qui est préféré à celui de bénéfices – laissés en réserves dans l’entreprise sont généralement déclarées impartageables, ce qui signifie que les coopérateurs ne peuvent pas se les attribuer (par distribution de dividendes par exemple) et qu’elles restent à la disposition permanente de l’entreprise. De même puisque le capital n’est pas le motif de réunion des coopérateurs, les décisions se prennent sur la base d’une voix par personne et non le nombre de parts sociales détenues par chacun.

Il existe deux grandes familles de coopératives : les coopératives d’usagers (de consommation, bancaires, d’habitants, agricoles…) dans lesquelles les membres sont les utilisateurs des services de la coopérative et les coopératives de travail dans lesquelles les membres sont les travailleurs de celle-ci. Dans la première forme de coopérative, les travailleurs sont embauchés sous le régime de la subordination salariale, ce qui signifie qu’ils reçoivent un salaire en échange de leur travail effectué sous une direction nommée par les utilisateurs. Dans la seconde forme, les travailleurs sont associés et leur rémunération dépend du comportement économique de la coopérative.

La coopérative d’usagers est largement plus répandue que la coopérative de travail : on estime que 250 millions de personnes dans le monde travaillent dans une coopérative d’usagers alors que seuls 4 millions opèrent dans une coopérative de travail.

À noter l’apparition ces dernières années des coopératives multi-collèges telles que les Sociétés coopératives d’intérêt collectif (Scic) en France, les coopératives sociales en Italie ou les coopératives de solidarité du Québec. Il s’agit de coopératives dont les membres sont regroupés en collèges, chaque collège ayant un poids déterminé exprimé en pourcentage dans les décisions. Dans les Scic, un collège des « bénéficiaires » (usagers) et un autre des salariés doivent obligatoirement être présents. Si on peut penser que ces coopératives sont une forme intermédiaire entre la coopérative d’usagers et la coopérative de travail, leur réalité et leur gestion les apparentent plus à une coopérative d’usagers dans laquelle les travailleurs auraient une voie, toujours minoritaire, au chapitre.