La croissance de l’économie est au centre d’un discours officiel sur le traitement du chômage qui a tout l’air d’être une lapalissade : « la production actuelle étant réalisée avec un nombre donné d’individus, il faut donc augmenter la production de façon pour faire une place aux nouveaux venus dans le monde de l’emploi[1]Il est curieux que la promotion de la transition écologique de l’économie s’inscrive dans cette logique : celle-ci serait source de créations d’emplois dans un monde où ceux-ci … Continue reading et les rémunérer. »
Outre le fait que la croissance n’a jamais pu résoudre le chômage en l’espace de quatre décennies, nous questionnons aujourd’hui une croissance qui n’a de cesse de détruire notre environnement et de menacer la vie sur terre.
Face à cette objection, la réduction du temps de travail (RTT) semble a priori la bonne réponse : à volume de production constant, il suffirait de réduire le temps de travail des personnes en emploi pour faire de la place à celles qui en sont privées depuis longtemps. Il s’agirait donc, en quelque sorte, de « partager » le temps de travail[2]Dans le passé, les gains de productivité ont permis, d’une part, une augmentation du niveau de vie, et d’autre part, une réduction généralisée du temps de travail moyen. Pour … Continue reading.
La plupart des propositions politiques de réduction du temps de travail sont conçues avec maintien du salaire mensuel car il est difficile pour les salariés d’accepter une baisse de revenus. Ceci se traduit par une hausse du salaire horaire. À masse salariale inchangée, pour chaque entreprise, le volume de travail et la production baissent, ce qui signifie des profits en moins. Est-ce que, dans ces conditions, pour retrouver le volume de production antérieur, les sociétés de capitaux vont embaucher ? Rien n’est moins sûr.
References
↑1 | Il est curieux que la promotion de la transition écologique de l’économie s’inscrive dans cette logique : celle-ci serait source de créations d’emplois dans un monde où ceux-ci seraient rares, ce qui constituerait une bonne nouvelle (http://emplois-climat.fr/2019/04/18/plateforme-emplois-climat-updated-their-cover-photo/). Ces emplois portent sur des investissements pour accroître l’efficacité énergétique (mieux isoler les bâtiments par exemple) ou développer les énergies renouvelables. En soi, ces investissements ne nous apportent pas de bien-être supplémentaire : ils ne visent qu’à maintenir un confort existant en polluant moins. Il est donc dommage d’avoir besoin de travailler pour cela. Que la transition écologique soit l’occasion de travailler devrait donc, dans un monde normal, c’est-à-dire où l’emploi n’est pas rare, être une mauvaise nouvelle. Dans ce monde absurde, c’est présenté comme une bonne nouvelle, tout simplement parce que l’emploi est rare. |
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↑2 | Dans le passé, les gains de productivité ont permis, d’une part, une augmentation du niveau de vie, et d’autre part, une réduction généralisée du temps de travail moyen. Pour mémoire, les deux récentes RTT (39 heures puis 35 heures) ont été compensées par une augmentation de la productivité accompagnée d’un gel des salaires. |