Flux de trésorerie d’activité (FTA) et valeur ajoutée sont deux notions qui, bien que proches en terme de montants, comportent cependant des différences essentielles.
D’une façon succincte, les FTA se définissent par les encaissements de factures et de subventions, desquels on déduira les paiements de fournisseurs et d’impôts. Cette différence entre encaissements et paiements permet de payer les intervenants de l’entreprise que sont ses travailleurs et ses propriétaires.
La valeur ajoutée est la mesure comptable de ce que les travailleurs d’une entreprise ont réalisé, de ce qu’ils ont « ajouté » aux composants ayant été consommés dans le processus de production. Alors que les FTA sont une simple soustraction entre des encaissements et des paiements, la valeur ajoutée résulte d’une analyse établie grâce à l’enregistrement d’écritures comptables.
La différence essentielle entre ces deux mesures est le traitement des achats d’équipements destinés à être utilisés sur une longue durée, que l’on désigne sous le nom d’investissements. Supposons qu’une entreprise achète une machine pour un montant de 100 000 euros destinée à être utilisée sur une dizaine d’années. Dans le cas des FTA, ces 100 000 euros viendront immédiatement en déduction au moment du paiement car cet investissement est un achat comme un autre. Avec la valeur ajoutée, qui est une mesure de ce que les travailleurs ont réalisé et non le solde des entrées/sorties de trésorerie, on considère que le montant de la machine n’a pas à être déduit parce qu’elle va être utilisée sur 10 ans. On portera donc, tous les ans, une charge (une dotation aux amortissements en langage comptable) égale à un dixième de son prix d’achat.
Le choix des FTA dans le cadre de la Sécurité économique permet de subventionner l’investissement à hauteur du pourcentage de cotisation économique. En choisissant les FTA en lieu et place de la valeur ajoutée, on rend immédiatement déductible de l’assiette de prélèvement la totalité de cet achat. Si les FTA sont prélevés à hauteur de 40 % par exemple, ceci signifie que la cotisation effectuée par la Sécurité économique est diminuée de 40 % du montant de cet achat, ce qui revient à une subvention. L’entreprise n’a alors plus qu’à financer par emprunt ou sur fonds propres, les 60 % restants. Si nous avions pris comme base de prélèvement la valeur ajoutée, alors seule 10 % de l’achat serait déductible sur une année, ce qui signifie que l’entreprise aurait alors à financer la totalité de l’investissement.
L’autre différence notable porte sur le fait que les FTA sont évalués sur la base des mouvements de trésorerie (encaissements et paiements) alors que la valeur ajoutée l’est sur la base des facturations[1]Certaines entreprises (notamment dans l’industrie) font de la fabrication d’un produit, le moment de validation de la production, fabrication a laquelle succédera une facturation puis un … Continue reading. Si une entreprise a réalisé une prestation de 30 000 euros, elle va alors facturer celle-ci à son client. La valeur ajoutée étant une mesure de ce que les travailleurs ont réalisé, cette facture va immédiatement abonder celle-ci et ce, même si elle ne sera peut-être payée que deux mois plus tard. La FTA ne l’enregistrera que lorsqu’elle aura été encaissée, événement générateur de trésorerie qui permet de payer les travailleurs et propriétaires de l’entreprise. De même, si une entreprise reçoit une facture de la part d’un fournisseur, la comptabilité l’enregistrera immédiatement en charge qui viendra en déduction de la valeur ajoutée[2]Dans la réalité de la comptabilité, on considère que l’achat a été immédiatement consommé dans le processus de production à titre provisoire. En fin d’année, un inventaire permet de … Continue reading. Avec la FTA, ce n’est que lors du paiement de celle-ci qu’elle sera déduite.
L’activité de l’entreprise s’inscrit dans un circuit dans lequel l’entreprise achète des composants indispensables à son travail, lequel aboutit à la formation de stocks de produits à vendre, puis des factures clients et enfin l’encaissement des ventes. L’entreprise a donc besoin d’un financement permanent de son activité dans la mesure où elle doit souvent dépenser de l’argent avant d’en encaisser. Ce besoin de financement est exprimé par une donnée comptable qui est le Besoin en fonds de roulement (BFR) qui se définit comme les stocks et les factures clients à financer (le travail a été effectué et souvent payé sous forme de salaires mais l’encaissement n’a pas été réalisé) diminué des factures fournisseurs (qui correspondent à un crédit que ces derniers accordent à l’entreprise). En ne comptabilisant les factures clients et fournisseurs qu’au moment de leurs paiements, le choix des FTA dans la Sécurité économique contribue à financer ce BFR à la hauteur de la mutualisation.
Au final, FTA et valeur ajoutée ne divergent que sur le moment de comptabilisation : encaissement ou facturation, prise en compte immédiate ou amortie d’un investissement. C’est la raison pour laquelle, sur le temps infini qui n’existe pas mais se conceptualise, les FTA et la valeur ajoutée s’égalisent.
References
↑1 | Certaines entreprises (notamment dans l’industrie) font de la fabrication d’un produit, le moment de validation de la production, fabrication a laquelle succédera une facturation puis un encaissement. Dans ce cas, nous aurons la comptabilisation à l’actif du bilan d’un stock de produits à vendre. |
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↑2 | Dans la réalité de la comptabilité, on considère que l’achat a été immédiatement consommé dans le processus de production à titre provisoire. En fin d’année, un inventaire permet de rectifier la valeur ajoutée en ajoutant le différentiel de stocks : s’il est positif, cela augmente la valeur ajoutée (les produits achetés sont supérieurs aux produits consommés) ; s’il est négatif, cela diminue la valeur ajoutée (les produits consommés sont supérieurs au produits achetés). |